Consciente de la complexité à innover dans son leadership tout en dirigeant la reprise, la Fabrique des Leaders Éclairés® vous accompagne cet été avec une série inédite d’articles autour des neufs aptitudes du leadership éclairé. Chaque article vous guide dans la déconstruction de vos paradigmes pour vous reconnecter aux lois naturelles et devenir un Leader Eclairé et éclairant.
Paradoxalement, préparer l’avenir commence par être pleinement présent. C’est pourquoi nous consacrons les trois premiers épisodes de cette série aux trois aptitudes du leadership de présence : écouter, s’ancrer et aimer.
Nous débutons notre chemin cette semaine avec la première aptitude : l’écoute de notre monde intérieur.
« L’esprit intuitif est un don sacré et l’esprit rationnel est son fidèle serviteur. Nous avons créé une société qui honore le serviteur et a oublié le don. » -Einstein
Einstein parlait de l’intuition comme d'une “sensation au bout du doigt”. Schopenhauer disait qu’elle est à l’origine de toutes les oeuvres de génie. L’intuition est cette petite voix intérieure qui nous guide comme une boussole. Elle se matérialise par des certitudes inexplicables, des réactions corporelles et notre ressenti. L’intuition est une faculté naturelle, mais parce que son origine demeure mystérieuse, nous avons appris à nous en méfier.
La culture occidentale insiste sur la séparation entre l’intuition et la raison depuis le fameux “je pense donc je suis” de René Descartes. Les deux versants du cerveau (droit et gauche) ont tendance à être érigés en rivaux, l’intuition étant souvent écartée car découlant du cerveau droit, siège de l’imagination, des rêves et des émotions, jugées peu fiables et dangereuses lorsqu’il s’agit de faire des choix. Nous avons appris à privilégier un raisonnement reposant sur la réflexion et la logique du cerveau gauche et appuyé par la science.
Intuition et raison, deux facultés interdépendantes
Pourtant, les dernières découvertes scientifiques, comme celle d’Antonio Damasio (L’Erreur de Descartes, 1994) font apparaître qu’intuition et raison sont interdépendantes. Dans les années 1990, ce professeur de psychologie et de neurologie à l’université de Californie du Sud étudie plusieurs patients dont les facultés émotionnelles sont inhibées par des lésions cérébrales et met en évidence leur incapacité à prendre des décisions rationnelles. Ses découvertes montrent qu’à l’intérieur de notre cerveau, le cortex, siège de la raison, et le tronc cérébral, centre névralgique des émotions, sont en dialogue permanent. Les émotions sont indissociables de la raison, et vice-versa. L’intuition aussi possède sa part de rationalité. Pour la neurologue Régine Zékri-Hurstel (Le temps du goût, 2010), l’intuition est composée d’informations sensorielles reçues et traitées par notre cerveau sans passer par un raisonnement conscient, lui permettant d’aboutir directement à la conclusion et à la prise de décisions sans que nous nous en rendions compte.
Trouver un équilibre : développer son intelligence intuitive
Leaders et managers ont tendance à se détourner de leur intuition par peur qu’elle empêche tout raisonnement. Réapprendre à écouter son intuition ne signifie pas se détacher complètement de la raison, mais plutôt faire collaborer les deux parties de notre cerveau. La synergie des deux cerveaux aboutit à l’intelligence intuitive. Barry Gordon, auteur de Mémoire Intelligente, explique que le cerveau utilise à la fois l’intuition et la raison pour aboutir à des idées créatives. Le processus d’enregistrement de nouvelles informations dépend de la raison tandis que la recherche et la combinaison avec les connaissances que nous possédons déjà mobilise l’intuition.
Notre boussole intérieure
Désignée comme le “sixième sens”, l’intuition découle de nos capacités sensorielles. Elle est connectée à notre environnement en permanence et s’adapte au moindre changement. Elle est donc liée à l’émotion, qui est une réaction physiologique à ce qu’il se passe autour de nous. L’intuition est une boussole intérieure, un système de guidage interne toujours activé et disponible auquel on accède lorsque l’on se connecte à son ressenti. Elle nous permet de discerner ce qui est bon ou mauvais pour nous. Voilà pourquoi il est essentiel de développer la capacité de s’écouter.
Renouer avec son ressenti
Les émotions sont des indicateurs essentiels pour entretenir une relation bienveillante avec soi-même, avec les autres et avec son environnement. Le mot émotion vient de “é” (extérieur) et de “motion” (mouvement); son essence est donc d’être extériorisée. Une émotion et toujours justifiée et tant que notre environnement social nous conduit à la censurer, elle reste dans notre corps sous la forme d’une tension. Une émotion refoulée peut ensuite se transformer en sentiment. Si l’émotion naît dans le corps, le sentiment est une construction mentale qui apparaît lorsque le cerveau donne un sens à l’émotion. Les émotions et les sentiments forment notre ressenti, influencent notre vision et notre expérience du monde, et constituent le point de repère de nos décisions, d’où l’importance d’y accorder notre attention.
Le ressenti est un message. Son rôle? Nous informer sur l’état de nos besoins et sur ce qui est important pour nous. Notre rôle? Recevoir le message.
Ecouter pour mieux voir
La tentation des dirigeants et managers est souvent de vouloir agir trop vite pour recevoir les messages et laisser le temps à l’intuition d’émerger. Toutefois, en s’acharnant à trouver la meilleure solution immédiatement, notre esprit passe à côté d’informations précieuses que l’intuition aurait su percevoir. En effet, alors que l’intuition est connectée en permanence à notre environnement, notre esprit, constamment bombardé de nouvelles informations, est en surchauffe.
Pour se reconnecter à notre intuition, il faut d’abord ralentir et créer de l’espace pour observer et écouter ce qu’il se passe en nous. L’intuition découle de cette capacité à observer, à recevoir nos sensations physiques et nos pensées sans résistance. Aucune démarche de réflexion n’est nécessaire pour nourrir l’intuition. On n'améliore pas sa vision en voyant mieux mais en écoutant plus. On n'écoute pas plus en améliorant son audition mais en gagnant en présence. Le Leader Eclairé® sait affiner son écoute et densifier sa présence.
Lorsque nous cultivons la pleine conscience, la présence et l’attention, nous développons à la fois notre capacité à mieux nous écouter et à mieux écouter nos collaborateurs. Ainsi, le manager ouvre des conversations où l’équipe entière est mobilisée pour trouver des solutions créatives. Notre capacité d’écoute s’étend ensuite à notre environnement. En observant ce qu’il se passe en nous et autour de nous, nous sommes davantage susceptibles de percevoir les signaux faibles de l’organisation, ce qui nous permet d’amplifier les périodes fastes et d’éviter les crises. Il est tout à fait possible d’instaurer une culture managériale qui s’appuie davantage sur l’écoute des collaborateurs et qui, en développant également sa capacité d’écoute des signaux faibles extérieurs à l’entreprise, est en capacité d’anticiper les tendances, de saisir les opportunités, pour garder une longueur d’avance sur ses concurrents.
Nos parcours “Dirigeants Eclairés” et “Top managers Eclairés” intègrent des ateliers expérientiels et des pratiques pour développer l’écoute active et l’écoute profonde en s’inspirant des neurosciences et des arts.
Nous vous invitons à explorer votre aptitude d’écoute, le 9 novembre 2020, lors de la NUIT DES LEADERS ÉCLAIRÉS, un événement immersif inédit combinant des ateliers expérientiels, des interventions inspirantes et le lancement national du Think Thank de la Fabrique des Leaders Éclairés®.
Plus d’informations ici : La Nuit Des Leaders Eclairés
Nous vous retrouvons la semaine prochaine pour l’épisode 2 de “L’été du leadership éclairé” consacré à la deuxième aptitude du leadership de présence: s’ancrer.
En attendant, prenons soin de nous.
Rédigé par Murielle Montagnier et Romane Audibert.