Quand Satya Nadella prend les rênes de Microsoft en 2014, l’entreprise est à la croisée des chemins. Son influence s’érode, ses concurrents innovent plus vite, sa culture interne repose encore sur le culte de l’expertise, du « sachant » – celui qui brille par son intelligence et impose par son savoir. La machine Microsoft ronronne, mais elle n’inspire plus.
Plutôt que de forcer une transformation technique, Nadella choisit un levier plus profond et plus audacieux : changer la culture de leadership de l’entreprise.
De l’ego à l’empowerment
Fini le modèle du leader omniscient, qui détient les réponses. Place à une nouvelle posture : celle du manager-coach, qui pose les bonnes questions, stimule l’intelligence collective et laisse l’espace aux autres pour grandir.
Jean-Philippe Courtois, vice-président exécutif et figure clé de cette transformation, en témoigne lors de notre matinale des Leaders Eclairés : pour regagner en pertinence, Microsoft devait d’abord regagner en humanité. La performance durable ne peut naître que dans une culture qui valorise le care, l’exemplarité et l’écoute.
Quatre piliers pour un nouveau leadership
- La clarté : Dans un monde saturé d’informations et d’incertitude, le leader n’est plus celui qui sait tout, mais celui qui éclaire le chemin. Il simplifie, aligne les équipes, donne du sens. La clarté, c’est une boussole partagée.
- L’énergie positive : Transformer une culture demande plus que des process. Cela demande une énergie contagieuse – celle qui inspire, motive, donne envie d’oser. Le leader devient porteur d’élan.
- Le succès orienté client : Le nouveau critère de réussite ? L’impact réel sur les clients. Être utile, être juste, être au service. Un virage vers un leadership tourné vers l’extérieur, au service de ceux qu’on accompagne.
- Le growth mindset : Loin du mythe du leader infaillible, le nouveau modèle valorise l’apprentissage. Le leader apprenant accepte de ne pas tout savoir, il cherche à comprendre, à progresser, à apprendre de ses erreurs. Il encourage cette posture chez ses équipes et nourrit ainsi une culture du progrès plutôt que de la perfection.
Les 3 dimensions du leader éclairé
- Le care : Le leadership commence par la qualité de la relation à soi, aux autres, à l’environnement. Un manager qui prend soin, c’est un manager qui crée les conditions de la confiance, de la résilience et de la performance durable.
- Le rôle modèle : Chez Microsoft, le leadership n’est plus un titre, c’est un comportement. Chaque leader est attendu sur l’exemplarité concrète – faire ce que l’on dit, vivre ce que l’on prône.
- Le manager-coach : Curieux, à l’écoute, généreux en feedbacks. Il ne cherche pas à briller, mais à faire briller. Il sait qu’un bon feedback, donné juste après un rendez-vous client par exemple, est une opportunité immédiate de croissance.
Une culture qui se façonne au quotidien
La conviction portée par cette transformation : « La culture est faite et défaite chaque jour ». Il ne suffit pas d’afficher des valeurs, encore faut-il les vivre dans chaque interaction, chaque réunion, chaque décision.